Le CRESAT organise, avec le soutien de NovaTris et en partenariat avec le Frankreich-Zentrum de l’Université de Fribourg-en-Brisgau une journée d’étude sur la participation politique dans les villes du Rhin supérieur à la fin du Moyen Âge

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Argumentaire :

Les historiens du XIXe et du premier XXe siècle considéraient que la vie politique des villes de la fin du Moyen Âge associait de larges portions de la population aux décisions politiques. Cette vision de la ville médiévale comme laboratoire d’une démocratie retrouvée à l’époque contemporaine seulement a été remise en cause en particulier après la seconde guerre mondiale. On insista alors, en particulier en France, au contraire sur la présence d’une oligarchie qui aurait confisqué le pouvoir politique, ne laissant aucune influence réelle au plus grand nombre. Les impulsions données par la lecture de Pierre Bourdieu suscitèrent de nombreux travaux mobilisant notamment la notion de pouvoir symbolique pour explorer les multiples façons employées par les élites urbaines pour perpétuer leur domination. En Allemagne, cette direction de recherche fut certes présente, mais contrebalancée par des études centrée sur le dialogue entre les acteurs politiques, évoquant une domination fondée sur le consensus (konsensgestützte Herrschaft) ou, très récemment, une domination négociée (ausgehandelte Herrschaft).

Les travaux féconds sur la communication symbolique – notamment sur les rituels civiques – et tous ceux qui ont été ces dernières années suscités de part et d’autre du Rhin par l’intérêt pour la notion d’espace public (Öffentlichkeit) de Jürgen Habermas ou encore sur le pacte social permettent de s’interroger à nouveaux frais sur la participation politique dans les villes tardi-médiévales. Il ne s’agira pas seulement de savoir à quels groupes cette participation s’étendait dans les différents types de villes, mais d’explorer ses modalités, par exemple ses rituels, ses lieux ou ses rythmes. Ainsi, l’attention doit être portée sur le Conseil de ville ou encore les relations entre l’assemblée des bourgeois et le seigneur, mais aussi sur d’autres niveaux de la vie politique, que l’on pourrait qualifier d’intermédiaires, qu’il s’agisse des corps de métiers ou des fabriques de paroisse.

Au-delà des réflexions sur le discours du Bien commun, on peut alors s’interroger, par exemple en considérant des pratiques omniprésentes comme celle du serment, sur les principes régissant la vie politique urbaine, pour voir combien elle était une société de la contrainte mais aussi de l’échange, fondée sur le consensus, ou encore de conflits.
Cette journée d’étude veut lancer une réflexion transfrontalière en partant d’un espace, le Rhin supérieur, soit l’Alsace, la Suisse allemande et le pays de Bade actuels, qui représentait à la fin du Moyen Âge un même espace culturel, mais avec des historiennes et historiens de France, Suisse et Allemagne, c’est-à-dire marqués par des traditions étatiques – centralisation vs. fédéralisme – et scientifiques – insistance sur les aspects socio-économiques en France, sur les aspects institutionnels en Allemagne – très différentes. Par ailleurs, des réflexions sur d’autres espaces élargiront la discussion et offriront des points de comparaison. L’objectif est de profiter de la dynamique transfrontalière pour enrichir la réflexion par la confrontation de ces expériences diverses.

Organisation

Olivier Richard, maître de conférences HDR en histoire médiévale, UHA

Alain J. Lemaître, professeur d’histoire moderne, UHA