Séminaire «Pour une histoire transnationale et comparée des installations et des essais nucléaires» – 10 mars 2022

Makatea comme cas précédent : préhistoires nucléaires sur une île de phosphate aux îles Tuamotu

Nicholas Hoare

Résumé

Même si l’intérêt porté à l’histoire nucléaire de la Polynésie française est tout à fait compréhensible compte tenu de l’impact considérable de l’ère nucléaire sur toutes les couches de la société, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’un tel intérêt pourrait laisser de côté. L’histoire de Makatea, un atoll corallien surélevé exploité par une société privée franco-britannique de 1908 à 1966, pourrait bien être l’un de ces chapitres négligés. 

En d’autres termes, tout comme il existe un héritage nucléaire qui doit être résolu de toute urgence en Polynésie française, il existe également un héritage minier non résolu avec des antécédents encore plus profonds. Ainsi, dans cette intervention, je cherche à rappeler aux auditeurs qu’avant la bombe, il y avait la pelle. Et bien qu’il semble presque comique de comparer les deux ainsi, je soutiens que l’ère nucléaire et l’ère minière avaient plus en commun qu’on ne pourrait le penser au départ. À un niveau superficiel, le fait qu’une période se termine au moment où l’autre commence invite à s’interroger sur la relation entre les deux. De manière moins empirique, en écoutant les débats qui ont eu lieu lors de la conférence de janvier, j’ai été frappé par la facilité avec laquelle les questions posées sur l’héritage du CEP pouvaient tout aussi bien être posées sur la période minière. Un espace nucléarisé peut-il un jour se défaire de ses stigmates et devenir dénucléarisé ? Eh bien, la même question peut être et est posée à une terre minée à l’autre bout de l’archipel, alors que les habitants de Makatea sont à la recherche d’une nouvelle identité. Avec de tels échos à l’esprit, je me demande si les historiens du CEP ne souhaiteraient pas se pencher sur l’histoire de Makatea pour y trouver des indices sur la manière dont les choses pourraient se dérouler sur des atolls tels que Hao ou Reao. De la même manière, on peut espérer que le nouveau régime de transparence concernant l’histoire de l’ère nucléaire pourrait encourager d’autres révélations sur Makatea et d’autres aspects négligés de l’histoire coloniale de la Polynésie française au XXe siècle.

Biographie de l’intervenant

Nicholas Hoare est un enseignant-chercheur néo-zélandais au Department of Pacific Affairs à l’Australian National University de Canberra. Il a soutenu sa thèse sur l’histoire de Makatea (aux îles Tuamotu) au début de l’année 2021. Il enseigne désormais l’histoire de l’Australie en Océanie pendant les XIX^e et XX^e siècles, ainsi que l’histoire de la Seconde Guerre mondiale dans les îles du Pacifique.

Date et lieu

10 mars 2022
17:00 – 19:00 (heure de Paris)

Exceptionnellement, le séminaire se tiendra exclusivement en visioconférence.

Pour y assister, il suffit de vous connecter sur la plate-forme de l’Université de Haute-Alsace en suivant ce lien.