Aujourd’hui face la question énergétique s’invite dans de nombreux débats au point d’ériger l’énergie comme un des enjeux majeurs et le défi planétaire du XXIe siècle ! Au-delà des grands accords de principe à l’échelle du globe (Rio, Kyoto…), la transition énergétique s’inscrit au coeur des politiques publiques nationales en particulier environnementales déclinées également à l’échelle des territoires. Elle suscite au gré des prises de position souvent tranchées, des controverses sociotechniques ou scientifico-politiques d’ampleur, au nom du risque ou du principe de précaution. La moindre mesure mise en oeuvre, fait l’objet de très larges échos médiatiques. Certes les consommations d’énergie de tous ordres ont été multipliées par douze en un siècle, mais les phases de mutation liée à l’émergence de nouvelles énergies ne sont-elles pas récurrentes depuis le XVIIIe siècle ?

En effet, différentes formes d’énergie (charbon, électricité, pétrole, nucléaire) se sont successivement imposées incitant au développement de leur propre technologique, sans pour autant évincer les énergies renouvelables ou celles déjà en place. Mais, elles ont généré des ascendances, engageant les puissances industrielles sur des trajectoires techniques marquées par de fortes inflexions d’usages et de pratiques publiques établies ou expérimentales. Pour autant, certains choix énergétiques se sont heurtés à des impasses, à des verrous technologiques, à des réticences de tous ordres voire à des défiances qu’elles soient scientifiques ou sociétales.

Les sciences historiques ambitionnent d’apporter certaines clefs de lecture sur ces périodes d’émergence, de rupture, de blocage et de développement de nouveaux paramètres énergétiques. Il s’agit de ne pas tout à fait laisser le champ libre à une sociologie ou une anthropologie de l’énergie, que les sciences de l’ingénieur convoquent régulièrement pour débattre de la question de l’acceptabilité sociale ou de celle des nouveaux usages.

Ces 6e journées d’histoire industrielle (JHI) ont donc pour ambition aux côtés des autres disciplines de SHS et des Sciences de l’ingénieur de débattre de préoccupations contemporaines et prégnantes en s’interrogeant à partir de trois approches distinctes :

• Rôle des institutions et des acteurs
Ces phases de balbutiements ne restent-elles révélatrices, à l’aune de la dialectique public/privé, des difficultés du changement (lourdeur des héritages, postures attentistes, intérêt des inerties…) ? Quel est le rôle du poids politique dans certaines orientations stratégiques ou dans les modalités du déploiement technique concernant le domaine de l’énergie ? Quels sont les arcanes du processus décisionnel comme des facteurs d’influence ? A contrario, quel est le rôle de l’entreprise et l’identité de ses acteurs décisionnels dans le changement comme dans la résistance à celui-ci ?

• Réceptivité sociale et imaginaire technique
Le degré de « réceptivité sociale » n’est-il pas lié aux contraintes imposées (ex : la fiscalité) tout comme à l’imaginaire citoyen ? Les formes de perception, de projection dans un avenir proche sont-elles inféodées à des modes de communication aliénants, jouant sur le registre des peurs pour les uns, des certitudes scientifiques pour les autres ? Les clichés ne sont-ils pas savamment entretenus, rendant les jugements amnésiques au profit d’une doxa ambiante ? Quel rôle jouent les réseaux et quel est le degré d’efficience des formes de lobbying au service d’une cause ? Il s’agit de s’interroger aussi sur des formes de comportement susceptibles d’impulser, d’infléchir voire de rendre inopérants des solutions en émergence.

• L’entreprise face au défi énergétique
Si l’industrie semble aujourd’hui soumise à des contraintes énergétiques fortes, cette problématique n’est-elle pas née avec la révolution industrielle elle-même ? L’entreprise n’est-elle pas dans la recherche permanente d’une indépendance énergétique ? Dans leur quête du machinisme, l’hydraulique, la vapeur, l’électricité, le pétrole, ont tour à tour été des domaines de vives préoccupations pour les entreprises. La responsabilité sociale et environnementale endossée par l’activité industrielle est-elle réellement un phénomène contemporain ? Et au-delà, se pose la question des filières technologiques. Comment les dépasser, les biaiser, les réinterpréter en fonction des nouvelles donnes ?

Programme JHI 2014

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