Appel à communications des troisièmes Journées d’histoire industrielle (2009)
Conseil scientifique : Jean-Claude Daumas (Université de Franche-Comté), Michel Hau (Université Marc Bloch, Strasbourg), Pierre Lamard (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard), Nicolas Stoskopf (Université de Haute-Alsace), Laurent Tissot (Université de Neuchâtel).
L’apparition des grands marchés, l’accroissement des échanges internationaux, le développement des concentrations urbaines à forte densité… mais également la prise en compte de paramètres écologiques donnent de plus en plus d’importance aux questions liées aux transports. S’il faut du point de vue économique privilégier vitesse et volume, il s’agit également dans le même temps de répondre à de nouvelles aspirations sociétales et citoyennes.
De nouvelles solutions émergent soit par l’offre (ex : bicyclette éclectique) soit par les usages (ex : covoiturage), mais les stratégies proposées puisent aussi dans le passé pour tendre vers de nouvelles modernités, le retour du tramway en étant l’exemple symbolique. Parallèlement, dans le domaine des transports terrestres, les constructeurs s’engagent dans des technologies de plus en plus sophistiquées et intriquées, à la recherche de réponses innovantes.
Mais paradoxalement à l’heure de l’unification des marchés et de la montée en puissance des réseaux, jamais la variété des choix opérés n’a été aussi riche. Que ce soit à l’échelle des états ou des collectivités publiques, les options retenues de type technique ou structurel, ajoutent à la complexité d’un système de régulation efficient.
Pour autant depuis la fin du XVIIIe siècle, la question des échanges et des déplacements n’a cessé de prendre de l’importance, s’inscrivant en constante au cœur des enjeux de nos sociétés contemporaines. Pour examiner, les relations entre modes de transport, territoire et société, trois angles d’approche sont proposés :
– Comment les choix techniques s’opèrent-ils ? Les modalités décisionnelles puis de mise en œuvre d’un nouveau mode de transport ou d’une grande infrastructure restent d’une lecture complexe. Les limites du système technique, les volontés institutionnelles, les facultés de résistance ou d’influence des groupes de pression, les formes de représentation collective face au changement sont autant de paramètres (matériels ou immatériels) à prendre en compte dans un processus d’émergence ou de sa mise en sommeil. A partir de cas concrets, on pourra s’interroger sur la réalité de prise en compte du poids de chacun de ces facteurs. Sont-ils perçus avec le même degré d’importance et d’acuité au cours du temps ? Sommes-nous en mesure de constater des inflexions quant aux rapports de force depuis la révolution industrielle?
– Les logiques comportementales révèlent-elles de grandes tendances ? Le phénomène d’innovation induit souvent de nouveaux modes de fonctionnement qui infléchissent le système technique en place. Les modes et les usages sont conditionnés par toute une série de critères relevant de l’économie (coûts, tarifs, effets de réseau…), du confort et de la facilité d’utilisation, aujourd’hui de l’impact sur l’équilibre écologique… Les attitudes ne cessent d’osciller entre le primat de l’intérêt privé et le sens de l’intérêt collectif. Dans ce cadre, quels sont les effets des concurrences modales entre ces deux typologies comportementales ? A contrario, les problématiques d’inter modalité modifient-elles les rapports de force ?
– Quels sont les impacts sur les territoires ? Il s’agit là de mesurer les conséquences du changement non seulement sur le territoire et l’organisation de l’espace mais aussi sur les formes socio-économiques générées par de nouvelles infrastructures ou de nouveaux modes de vie, les interactions conditionnant bien souvent les évolutions respectives. Les différents types de transport agissent-ils de la même manière sur la dimension territoriale ? A l’inverse, l’élargissement des territoires économiques remet-il en cause les modalités de transport d’un espace d’activités ? Les transports depuis le XIXe siècle jusqu’à l’heure de la mondialisation ont-ils toujours les mêmes effets structurants sur le territoire ?
Le choix de cette thématique de recherche nous est suggéré par le 130e anniversaire de la construction de l’usine SACM de Belfort en 1879, aujourd’hui usine Alstom où sont construites les motrices des TGV.
Pierre Lamard, professeur à l’UTBM
Nicolas Stoskopf, professeur à l’UHA, directeur du CRESAT