Projet de recherche, laboratoire CRESAT, Université de Haute-Alsace

 

L’indiennage résulte d’échanges interculturels entre espaces géographiques (Angleterre, Suisse, France) par la circulation des hommes avec leurs compétences techniques. La situation transfrontalière de Mulhouse est un facteur décisif dans l’essor industriel des manufactures d’indiennes aux XVIIIe et XIXe siècles.

Pendant tout le XIXe siècle, l’industrie du textile imprimé à Mulhouse déploie une production à grande échelle de nouveautés, destinées au marché de la mode et de l’habillement. D’abord orientées vers le haut de gamme pour se distinguer de Manchester, les industriels répondant à de nouveaux besoins en matière textile, s’adaptant à l’évolution du marché entre l’Europe, la Russie et les États-Unis. Dans les années d’après-guerre, ils impriment pour les cabinets de style qui alimentent le marché du prêt-à-porter et les premières chaînes de vêtement ou encore se spécialisent dans un produit textile, comme le wax pour le marché africain. Que restent-ils de ces impressions variés entre le XIXe siècle et les années 1960 ? Le musée de l’Impression sur Étoffes de Mulhouse conservent des centaines d’albums d’échantillons, accompagnés parfois d’une datation, de leur destination et usage ; d’échantillons et des publicités avec les robes prisunic ; des milliers de rebracs de wax avec le nom des entreprises et dates de fabrication. Ces pièces textiles exceptionnelles permettent d’appréhender la construction d’un vocabulaire décoratif caractérisant un goût européen qui s’est diffusé à l’international, mais aussi la prise en compte des modes d’autres continents. On assiste en fonction des époques et des marchés à la volonté de diffuser des motifs appréhendés comme « européens » ou « français », voir « alsacien » ou au contraire de répondre à des modes fortement identitaires. Cette longue chronologie permet d’appréhender comment l’héritage artistique européen a façonné la création textile sur la durée et comment les productions destinées à un marché extra-européen (notamment l’Afrique) ont donné lieu à une acculturation de motifs de cultures différentes.

L’objectif est la création d’une base de données en sélectionnant les motifs significatifs pour lesquels nous avons des renseignements complémentaires, afin de les croiser avec des collections muséales. Faute de renseignements sur l’origine des étoffes, les costumes sont le plus souvent appréhendés sur le plan formel, une telle base permettra de retracer la diffusion des étoffes à grande échelle. En rassemblant cette documentation, au-delà de l’attribution des étoffes, il s’agira de s’intéresser à la circulation des décors, révélateur d’interculturalités, depuis l’Europe vers d’autres contrées et inversement.

Au terme de cette première étape de recherche, une collaboration entre les partenaires permettrait la réalisation d’une exposition sur le thème « Quand l’Alsace habillait le monde ». L’exposition pourrait être complétée par un colloque pour appréhender les différents phénomènes de diffusion des décors européens entre les époques et les continents ainsi que les questions de muséographie qui se posent entre les musées industriels avec des collections textiles et les musées spécialisés dans la mode.

 


Research project CRESAT Laboratory, University of Haute-Alsace

When Mulhouse dressed the world

Calico prints from Mulhouse were a huge fashion success all around the world in the 18th and 19th centuries. They arose from a cultural exchange between three countries: England, Switzerland and France. This exchange that took the form of free movement between the three countriesof people with technical skills. The fact that Mulhouse is very close to the French-Swiss border was a decisive factor in the growth of its printed calico manufacturing industry.

Throughout the nineteenth century, the textile industry in Mulhouse produced calico prints on a large scale. The new products were aimed at the clothing fashion market. They were more up-market than cotton prints from Manchester, a response to changing fashion demands in Europe, Russia and the United States. In the years after World War 2, Mulhouse produced prints for fashion houses involved in the ready-to-wear market, and for clothing store chains demanding specialised products such as wax prints destined for Africa.

What can we still see today of these prints from the 19th century right up to the 1960s? The Mulhouse Museum of Fabric Printing  holds hundreds of sample books, sometimes with a date, destination and use; there are samples and advertisements for dime store dresses; and packs of thousands of wax prints, with company names and dates of manufacture.

These unique textile artefacts offer an insight into the origin of a decorative vocabulary with strong European flavour, but which takes into account the fashion styles of other continents. We become witnesses to a fashion ‘help yourself’: different times and different markets have seized on ideas seen as ‘European’ or ‘French’ (or later ‘Alsatian”) and made them their own. This long chronology allows us to understand how the European artistic heritage has shaped textile design over time and how production for a non-European market (notably Africa) resulted in the assimilationby Mulhouse of design ideas from other cultures.

The goal is to create a database by selecting significant designs for which we have additional information, and cross-checking them with the museum collections. Incorrect information on the origin of fabrics usually difficult to catch. Such a database would help to trace the origins of widely different fabrics. Beyond helping to identify the fabrics correctly, this information will give valuable insight into the way design ideas spread, documenting a cross-pollination of ideas between Europe and other countries.

After this first stage of research, collaboration with other partners could lead to an exhibition on the theme “When Alsace dressed the world.” The exhibition could be supplemented by a symposium on the theme of the spread of European design ideas across eras and continents. As well, it could deal with the issues that arise between industrial museums with textile collections and museums specializing in fashion.



Contact : aziza.gril-mariotte@uha.fr

Scientific partners (contacted)

  • Musée de l’Impression sur Etoffes de Mulhouse (France)
  • Musée historique de Mulhouse (France)
  • Mission Ville d’art et d’histoire (France)
  • Musée alsacien de Strasbourg (France)
  • Musée Alsacien de Haguenau (France)
  • Manchester Art Gallery, Gallery of Costume (England)
  • Victoria and Albert Museum and Research Centre, London (England)
  • Manchester Metropolitan University (England)
  • University of Glasgow (Écosse)