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Séminaire du CRESAT – 6 mars 2019

Langue et culture de la diplomatie au XVIIe siècle

Guido Braun, professeur d’histoire moderne à l’UHA

Résumé

Si, en 1714, le traité de Rastatt fut le premier traité de paix conclu en français entre le Saint-Empire et la France, il faut bien voir qu’il s’agit d’un traité conclu « à la soldate », comme disait Ferdinand Brunot, car ce furent bien des généraux (le maréchal de Villars du côté français et le prince Eugène représentant l’empereur) à négocier et à rédiger ce traité, non des diplomates. D’ailleurs, à commencer par le traité de Bade, conclu seulement peu de mois après celui de Rastatt, l’usage qu’on fit alors du latin prouve que la langue de Rome n’était pas encore vaincue par le français. La primauté du latin était sérieusement ébranlée, mais les jeux n’étaient pas encore faits. On entra dans une période marquée d’incohérence où l’on conclut parfois en français, parfois (et dans un premier temps surtout) en latin. À la succession du français au latin, il faut donc substituer l’idée d’une contemporanéité des deux langues dans la diplomatie européenne, qui caractérisa le XVIIe siècle ainsi que le début du XVIIIe.

L’essor du français s’explique par la suprématie culturelle et aussi par une certaine suprématie politique de la France en Europe, mais surtout par le rayonnement de sa civilisation. Langue des cours, de l’aristocratie, des savants, le français était, depuis la seconde moitié du XVIIe siècle, entré dans la culture des diplomates, et il était naturel qu’il finît par s’imposer dans leurs documents professionnels.

De plus, sans mener de politique agressive qui eût pu choquer les autres nations, les Français défendirent, depuis le milieu du XVIIe siècle, leur liberté de s’exprimer eux-mêmes dans leur langue maternelle. Sans être hégémonique, cette politique pourtant tenace fit entrer le français dans les milieux diplomatiques. Dans la mesure où la France remplaça la Rome antique comme modèle culturel de l’Europe, le latin devint l’idiome du temps passé, le français celui du temps présent.

Date et lieu

Mercredi 6 mars 2019 – 17:00

Campus Fonderie – UHA

Salle des colloques

16 rue de la Fonderie

68100 Mulhouse