Argumentaire

Les temps modernes, avec les développements techniques de la gravure et la multiplication des supports imprimés, décuplent la présence des images religieuses en Occident. Qu’elles accompagnent la diffusion des textes ou se retrouvent, isolées, dans les effets des particuliers, qu’elles soient le support de dévotions ou de simples illustrations ou décorations et bien que leur statut diverge suivant la religion professée, les images font partie de l’environnement religieux des croyants. Images du Christ ou de la Vierge, des saints ou des principaux personnages bibliques, elles se retrouvent également au sein de religions qui donnent, à les appréhender trop rapidement, l’impression de les rejeter. Le protestantisme ou le judaïsme, même si le texte biblique est déterminant dans la liturgie, ne négligent pas les images religieuses ; elles ne sont pas vénérées mais peuvent jouer un rôle pédagogique important pour le fidèle (souvenirs de communion, portrait de pasteurs, Mizra’h ou mappot…).

Aux XVIIIe et XIXe siècles, l’essor industriel favorise leur production à grande échelle avec une circulation accrue qui entraîne la création de modèles et de représentations culturelles. L’imagerie religieuse se répand, les centres de productions se spécialisent et exportent dans toute l’Europe et au-delà, comme certaines entreprises alsaciennes qui ont produit en arabe des images à destination du marché musulman vers la fin du XIXsiècle. Les productions industrielles représentant des images religieuses participent alors à la diffusion de certains modèles et suscitent un véritable engouement. Ainsi, les estampes de tableaux, apparues à la Renaissance, restent largement diffusées, mais de nouveaux supports plus populaires s’emparent de l’iconographie religieuse telles les imageries diffusées par les colporteurs et les arts industriels (toiles imprimées, faïences, papiers peints).

Cet intérêt pour l’imagerie religieuse et la vulgarisation, pourrait-on dire, qu’elle connaît dans la société européenne des XVIIIe et XIXe siècles posent de nombreuses questions. La première concerne la circulation des modèles diffusés : quelles voies sont utilisées et suivant quels réseaux ? Quel public vise-t-on et suivant quelles modalités de diffusion ? Cette première question croise celle de la représentation des modèles véhiculés par la fabrication et le commerce d’images religieuses. Cette interrogation paraît particulièrement déterminante en France, où ces dernières sont d’abord le reflet d’un catholicisme d’État jusqu’à la Révolution française. Le Concordat place le catholicisme comme religion de la majorité des Français mais, en reconnaissant certaines minorités religieuses (protestantisme, judaïsme), il permet également l’expression et la diffusion d’une imagerie des religions jusqu’alors difficilement acceptées. Ce pluralisme modifie-t-il le rapport aux images religieuses présentes dans les différentes confessions, les supports sont-ils les mêmes que dans la religion dominante ou répondent-ils à des spécificités confessionnelles?

En posant la question des images et des imageries religieuses à l’ère industrielle, ce colloque entend s’interroger sur les conséquences d’une production à grande échelle sur les choix iconographiques, culturels et artistiques au sein des monothéismes en Europe.

Programme

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Comité scientifique :

– Patrick Cabanel, Directeur d’études, EHPE.

– Pierre-Yves Kirschleger, MCF en histoire contemporaine, université Paul-Valéry Montpellier III.

– Jean-François LUNEAU, MCF histoire de l’art-HDR, Centre d’histoire Espaces et Cultures, Maisons de Sciences de l’homme, université Clermont-Ferrand.

– Evelyne Oliel-Grausz, MCF en histoire moderne, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

– Isabelle Saint-Martin, Directrice d’études, EPHE.

– Nicolas Stoskopf, Professeur en histoire contemporaine, université de Haute-Alsace

Comité d’organisation :

– Céline Borello, MCF histoire moderne-HDR, université de Haute-Alsace.

– Aziza Gril-Mariotte, MCF histoire de l’art, université de Haute-Alsace.