Appel à communications des premières journées d’histoire industrielle (2007)
Conseil scientifique : Jean-Claude Daumas (Université de Franche-Comté), Michel Hau (Université Marc Bloch, Strasbourg), Pierre Lamard (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard), Nicolas Stoskopf (Université de Haute-Alsace), Laurent Tissot (Université de Neuchâtel).
Entre le déclenchement de la crise à l’été 1974 et la faillite retentissante de Creusot-Loire en juin 1984, l’industrie française a connu une décennie noire marquée par des licenciements massifs et le retournement de la courbe des emplois du secteur secondaire, l’effondrement de certaines branches (sidérurgie, chantiers navals, papeterie) et l’extension des friches industrielles, la disparition de raisons sociales historiques (Boussac, Kuhlmann, Manufrance), la ruine brutale d’entreprises jusque-là florissantes (Poclain, Manurhin), l’ébranlement de bastions réputés solides (Renault, PSA, Michelin). La reprise internationale et le tournant de la rigueur amorcés en 1983 ont permis de renouer à partir de 1984 avec la croissance de la production manufacturière, mais non avec le modèle des Trente Glorieuses : les « dégraissages », réductions d’effectifs, délocalisations, fermetures d’usines ont continué à faire partie du quotidien en France, mais aussi dans l’ensemble de l’Europe occidentale. Pourtant la décennie 1974-1984 apparaît comme une phase suraiguë dans un processus de désindustrialisation qui accompagne comme une ombre l’industrialisation depuis ses origines.
Près de vingt ans après la publication (en 1989) par l’économiste Elie Cohen de L’Etat brancardier. Politiques du déclin industriel (1974-1984), c’est maintenant aux historiens d’aborder l’étude de cette décennie avec leurs méthodes et leur questionnement :
– Il faut d’abord prendre la mesure de la crise, préciser son intensité et ses spécificités, ses rythmes et ses modalités, la nature des remises en cause, en fonction des branches, des types d’entreprise et des localisations. Les études de cas ou les approches plus transversales devraient permettre de poser la question des facteurs et des responsabilités tant au niveau du management des entreprises que de la gestion de la crise par les autorités et par les divers agents économiques.
– L’analyse ne doit pas s’arrêter aux effets destructeurs, mais s’étendre également aux résistances, aux capacités d’adaptation et aux bonnes pratiques, aux orientations nouvelles dans l’organisation du travail et de la production qui ont permis le redressement d’entreprises ou d’activités en difficulté. De ce point de vue, on s’interrogera sur la profondeur des restructurations et des mutations, concernant aussi bien les secteurs public que privé, qui ont donné un nouveau visage à l’industrie, voire à l’usine : la désindustrialisation des années 1974-1984 a-t-elle été une étape nécessaire pour moderniser le tissu industriel à l’aube de la mondialisation ?
– Une démarche historique ne sera pleinement convaincante que si elle s’accompagne d’une mise en perspective ne négligeant pas les signes avant-coureurs de la crise tout comme ses retombées dans les décennies ultérieures et de comparaisons permettant de confronter des situations diverses en France, mais aussi à l’étranger. L’objectif est également de donner la parole à des décideurs des années 1974-1984, politiques, gestionnaires et chefs d’entreprise, qui apporteront leur témoignage et leur éclairage sur cette époque.
A travers ce questionnement, l’objectif est de croiser les regards dans une perspective élargie et de discuter le cliché trop facilement admis d’une industrie sur le déclin et condamnée à terme.
Pierre Lamard, professeur à l’UTBM
Nicolas Stoskopf, professeur à l’UHA, directeur du CRESAT
Programme JHI 2007
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Les actes des JHI 2007
Les actes des JHI 2007 – 1974- 1984, une décennie de désindustrialisation ? – sont disponibles.